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jeudi 7 mars 2013

Maldita Castilla

Pour une fois je compte me pencher sur un sujet qui me tient à coeur mais que je n'ai pas encore vraiment abordé sérieusement jusque-là... a savoir : les jeux indépendants.

En effet, ces jeux développés souvent par un petit groupe de personnes (voire même parfois un seul individu) sont certes souvent "basiques" mais vu que l'équipe conserve son indépendance de créativité (les gros hits dans le domaine du jeu-vidéo prennent rarement des risques au niveau innovation, vu qu'il y a tout de même des sommes assez conséquentes en jeu. Au final le "divertissement vidéoludique" sera donc basé sur quelque chose qui marche auprès des gens, et donc se vendra presque à coup-sûr), cette dernière repousse parfois les limites de l'imagination de façon inouïe sur bien des plans (musique à l'ancienne en 8 ou 16 bits ou très inspirée, décors enchanteurs, gameplay hybride ou novateur,...).

Maldita Castilla
Vous sentez de suite en regardant l'artwork que ça va être votre fête...

Enfin bref, pour cette fois il s'agira de "Maldita Castilla". Jeu d'action créé par Locomalito (développeur indépendant espagnol) et sorti sur son site en décembre 2012.

Un peu d'histoire :

Tout d'abord de quoi parle ce jeu ? Ce dernier comporte une intro et est fourni avec un manuel de jeu (en espagnol, donc veuillez m'excuser si je ne vous en fais pas la traduction). Comme vous l'avez compris, pour le décorticage du manuel c'est râpé (puis bon pour le coup autant que je sorte les Contes de Grimm, ce sera moins barbant...) mais, je puis vous faire un résumé de l'introduction (pour les anglophobes comme d'habitude).

"1081 :

D'infinies batailles ont laissé derrière-elles une mer de douleur.

Il est dit que Moura pleurait son amour perdu et qu'un vieux Démon ressentit sa douleur.

Séduite par la bête elle transforma ses larmes en une clé magique.

Alors avec cette clé, les Démons furent relâchés dans notre royaume de Castille..."

Suite à cela nous avons droit à une intro montrant le roi de Castille qui envoie 4 de ses braves pour mettre un terme à cette situation (Quesada, Don Diego, Mendoza et Don Ramiro que vous incarnerez tout au long de cette aventure).

Le cauchemar peut enfin débuter mais avant de vous lâcher dans la nature épée en main, quelques précisions s'imposent...

Zarrampla
Zarrampla se fera une joie de vous digérer.

Maldita Castilla à la loupe :

Intéressons-nous de plus près au jeu. Tout d'abord son héros. Il ne vous dit rien ? Et oui, il s'agit d'une adaptation d'Arthur (le roi mais pas vraiment celui de la Table Ronde), personnage principal du célèbre jeu : Ghosts'n Goblin.

Pour rappel, ce jeu est apparu sur borne d'arcade en 1985 et a été édité par Capcom. Ce jeu de plates-formes a depuis été édité sous de nombreuses autres déclinaisons et supports. Considéré comme l'un des jeux les plus durs de tous les temps (votre serviteur a terminé les versions Ghouls'n Ghosts et Super Ghouls'n Ghosts sur Megadrive et PSX, après moult jurons et une bonne dose de frustration intense...). 

Le jeu en 2D était en effet d'une difficulté effarante (il fallait finir le jeu 2 fois pour avoir la vraie fin sans oublier qu'il était très facile de perdre une vie et que les crédits s'épuisaient assez vite) et la rigidité du personnage rendait son maniement très délicat (il est à noter qu'il existe de nombreux autres clins-d'oeil à divers jeux 2D comme par exemple : Metal Slug, à vous de les découvrir au fil de votre progression).

Maldita Castilla

Arthur semble ne pas être le seul à avoir refilé son costume de preux à Don Ramiro. Si vous connaissez le film "Le Cid" (film italo-américain sorti en 1961) alors sachez que l'acteur principal Charlton Heston a servi assez bien de modèle pour notre héros. Pour ceux qui ignorent qui est le fameux Cid, il s'agit d'un héros de la Castille. De son nom complet : Rodrigo Dìaz de Vivar (né en 1043, mort en 1099), il s'agissait d'un chevalier mercenaire chrétien, héros de la Reconquista (Reconquête en français) qui avait pour but de chasser les musulmans de la péninsule Ibérique. Invaincu cet illustre personnage est vite entré dans la légende... Quoi de mieux pour un héros vidéoludique que d'avoir le pedigree d'un redoutable chevalier ?

Maldita Castilla
La fusion improbable de l'homme de fer-blanc ("Le magicien d'Oz") et de Don Quichotte...

L'analyse du personnage principal achevée penchons-nous sur le jeu en général. D'où pourrait bien être venue l'idée de ce jeu ? Et bien tout simplement d'un livre. Mais pas n'importe lequel !

Amadis de Gaule ! (Amadis de Gaula de son nom originel) Roman de chevalerie publié en 1508 par Garci Rodrìguez de Montalvo. Pour vous faire un bref résumé du livre : Amadis, archétype du chevalier errant est catapulté en Espagne (de façon métaphorique) pour y jouer un rôle similaire à celui du roi Arthur (la boucle est bouclée), à savoir : unifier le pays.

La particularité du roman (hormis qu'il ne s'appuie guère sur des faits historiques) est qu'il a été rédigé par plusieurs auteurs. En effet, l'oeuvre se compose en tout de 24 livres, dont les 13 premiers sont en espagnol et le reste en français. Une oeuvre atypique servant de base à un jeu qui l'est tout autant, voilà un mélange fait pour plaire !

Amadis de Gaule
Gravure tirée du 6ème livre d'Amadis de Gaule.

Bestiaire :

Comme vous vous en doutez, le bestiaire est souvent la première chose que je regarde (les créatures mythiques sont mon Violon d'Ingres, ce n'est donc pas une grande surprise pour la plupart d'entre-vous) et ce dernier m'a agréablement surpris (les artworks de Marek Barej sont de toute beauté). Tirant sa base sur des créatures fantastiques en provenance principalement d'Espagne et de France (la Tarasque), mais également d'Europe (le Dullahan, la Coquatrice,...) ou même d'Inde (la Manticore), ce bestiaire "ibérique" qui vous donnera du fil à retordre, respecte assez bien les caractéristiques de ces créatures de légende, ce qui mérite force respect de ma part pour le créateur du jeu.

Maldita Castilla
 
Les boss ne sont pas en reste pour l'originalité mais ce dernier point je vous le laisse découvrir comme des grands (après-tout si je vous raconte tout le contenu, où sera la surprise ?).

Gameplay :

Maldita Castilla est un genre d'hommage à la série Ghosts'n Goblins. Son gameplay possède donc de fortes similitudes avec cette dernière (rigidité dans le contrôle du personnage, changement d'armes, temps limité,...).

Côté contrôles c'est basique : sauter, tirer, grimper et c'est tout (pas besoin de plus en fait). Votre héros dispose de 3 coeurs de vitalité (donc 3 chances d'éviter de finir au charnier), d'un armement classique (possibilité de changer l'arme en trouvant l'item correspondant, vous pourrez ainsi manier l'épée, la hache, la serpe et le scorpion) et d'un item secondaire (une Fée qui tirera des sphères bleutées chaque fois que vous brandirez votre arme ou un bouclier qui encaissera un coup unique), sans oublier les items qui vous feront gagner des points ou une vie ainsi que le sablier qui vous permettra de récupérer du temps en plus.

Maldita Castilla
Ça change de Navi non ?

Il est à noter que le jeu est très loin d'être monotone. En effet, vous passerez par divers changements de gameplay qui seront là pour briser votre routine de chevalier errant (le combat en chariot qui fait fortement penser au début de Castlevania - Rondo of Blood, en est un excellent exemple).

Malgré sa grande difficulté, Maldita Castilla se terminera en quelques heures pour les plus habiles d'entre-vous mais, je dois vous préciser qu'il existe une bonne fin comme une mauvaise fin... traverser les maps au galop n'est pas toujours la meilleure solution...

Points forts du jeu :

Maldita Castilla
Extrait du manuel de jeu fait par Jacobo Garcia.

Ce jeu déjà tire sur la corde de la nostalgie (dans le bon sens) et me ramène dans mon enfance, lorsque je tenais dans mes petites mains ma première manette de console, triturant nerveusement les boutons pour tenter de ne pas faire mourir lamentablement mon personnage pour la énième fois. Ensuite l'atmosphère malsaine qui se dégage des décors ou des ennemis ravira les amateurs de décors lugubres (comme votre serviteur) et terrifiera (pas trop quand-même) les moins téméraires d'entre-vous. 

La musique (composée par Gryzor 87) ne sera pas vraiment digne des meilleures o.s.t. de fantasy mais si l'on connait le créateur du jeu ça reste logique (son but étant de réaliser les jeux auquels il voulait jouer étant môme et défendre certaines caractéristiques du jeu-vidéo : les gros pixels, la basse résolution, la musique old-school et le gameplay linéaire). Ladite musique prendra donc sa base sur le 16 bit, rappelant un peu la Megadrive et, je dois l'avouer, elle colle assez bien avec le jeu, restant très agréable à écouter.

Le jeu qui est un gigantesque hommage aux anciennes générations, sera un régal pour les amateurs de vieilles émulations (ne remontez pas jusqu'à l'Atari quand-même). Seul point noir au tableau : il sera sans doute moins apprécié des joueurs récents et rebutera probablement les joueurs "casual" (joueur occasionnel, n'utilisant sa console ou son PC que pour des jeux dits "simplistes" et ne pouvant pas toujours vraiment apprécier la structure d'un jeu à sa juste valeur).

Maldita Castilla
Cette créature me fait fortement penser à l'aigle bicéphale qui a été à de nombreuses reprises employé comme symbole d'une nation (ou d'un empire).

Conclusion :

Pour tout joueur qui a passé ses nerfs sur sa console après avoir joué à Ghosts'n Goblins, ou même pour tout nostalgique de la 2D qui ne tourne pas les talons dès que la difficulté pointe son vilain nez, ce jeu est au moins à essayer une fois. De plus, ce dernier est gratuit et facile d'installation (vous pouvez par-contre, si vous le désirez, faire un don à son auteur) vous procurera un très agréable moment de détente (si vous avez les nerfs solides).

Du reste, je vous encourage à visiter le site de Locomalito (cliquez sur le lien figurant sur son nom et vous serez téléportés dans son antre par la magie du net), histoire de voir ses autres jeux (qui sont très bons également). Je n'ai plus qu'à vous envoyer le trailer de Maldita Castilla tout en vous souhaitant à la prochaine !

Maldita Castilla trailer :


Idraemir

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